UNOC 3 : le point de vue de l’Etoile de mer…

par | 24 Juin 2025 | La défense des droits de l'Océan, News

Après l’UNOC 3 à Nice en Juin 2025 :

le point de vue de l’Etoile de mer…lettre ouverte aux humains.

Un texte transcrit par François SARANO

Cher Coloca-Terre humains,

Permettez-moi, au nom de mes cousins marins : oursins, ophiures, bryozoaires, éponges et tant d’autres que je ne pourrai nommer tant nous sommes nombreux ; plus de 250 000 espèces que vous avez déjà décrites et bien d’autres que vous découvrirez, si vous n’avez pas tout ravagé avant, permettez-moi donc, de vous dire ce que nous, les créatures de la mer, pensons de votre conférence sur notre Océan Commun.

Justement, nous n’avons pas vraiment ressenti de Communauté.

Nous avons entendu parler de ressources, mais nous n’avons pas entendu parler de nous, en tant qu’êtres vivants… Le mot « protection » était sur toutes les lèvres, entonné dans toutes les langues, repris dans tous vos médias : protection de la Haute Mer, aires marines protégées… Nous nous réjouissions. Mais ce mot ne résonne pas de la même manière dans vos bouches et dans nos oreilles.

Pour mes amis, merlus, thons, dorades, et 150 autres espèces que vous nommez ressources, le mot protection a un goût amer … Vos gestionnaires considèrent que lorsque leurs aînés reproducteurs ont rempli leur « devoir biologique », il est bon de les « prélever », car ils ont assuré le renouvellement de votre « ressource » pour que vous puissiez, année après année, prélever votre dîme. Vous pensez que tout est au mieux… Imaginez que nous fassions de même avec la population humaine… et que nous ne préservions que les jeunes jusqu’à 25 ans, au prétexte que son renouvellement est assuré ?!?

Pourtant mes amis poissons commerciaux peuvent se considérer comme très chanceux… car vous faites grand cas de la préservation… de vos intérêts économiques. Par malchance, moi l’étoile de mer, et mes 250.000 autres collègues, je ne suis pas inscrite sur vos registres : pas nommée, pas reconnue, je n’existe pas. Broyée par vos chaluts, déchiquetée par vos dragues, je suis démembrée pêle-mêle avec mes collègues écrabouillés au milieu des cailloux et de la boue. Je ne crie pas. Mes yeux ne larmoient pas.

Peu importe, je ne suis même pas de la matière organique. Je suis « RIEN ».

On ne protège pas « RIEN » ! On ne change pas de technique, si on ne reconnait pas les dégâts collatéraux. On n’ajuste pas son activité si elle n’affecte « RIEN ».

Vous avez transformé l’Océan, notre maison commune, en champ de guerre.

Injonction : « Restez dans les réserves marines que l’on vous a assignées ».

Mais, où sont donc ces confettis minuscules où nous serions à l’abri ? Les chaluts les ravagent comme ailleurs.

Alors, amis humains, épargnez-nous vos apitoiements, votre surprise feinte, lorsque, année après année, depuis plus de 40 ans, les plongeurs et les scientifiques déposent sur vos bureaux les preuves de notre effacement.

Et ne nous dites plus que vous avez pris la mesure du désastre. Car, ce ne sont pas les règles environnementales actuelles, qui tentent vainement de ralentir l’accélération de votre emprise totale sur notre planète bleue, qui seront suffisantes.

Il faut changer de paradigme.

Tant que vous nous considérerez comme des encombrants gênant votre développement économique et non pas comme des partenaires de vie,

tant que vous nous verrez comme des entraves- valeurs-d’ajustement dont il faut s’occuper pour faire plaisir aux écolos,

tant que vous nous considérerez comme « la nature » à protéger, mais pas comme des alliés avec qui vous avez coévolué, avec qui vous avez tissé des interdépendances si étroites que nous détruire, c’est vous détruire,

tant que vous ne vous sentirez pas vivants parmi les autres vivants,

tant que nous n’aurons pas une voix dans vos conseils d’administration, une voix à l’IFREMER, une voix dans vos ministères,

tant qu’il n’y aura personne pour nous représenter (même vos sociétés anonymes ont une personnalité juridique), pour rappeler nos besoins élémentaires, pour défendre notre droit d’exister,

épargnez-nous votre prochaine grand-messe, si vous ne nous invitez pas à votre table de négociation, si vous n’avez pris la décision de cogérer avec nous – chaque vivant – notre biosphère commune.

Mais pour cogérer, il faut d’abord reconnaître l’existence de celui avec qui on dialogue, celui avec qui on négocie. Pour ajuster des interdépendances, il faut d’abord reconnaître ses interdépendances et ceux avec qui on les a tissées…

Il faut que vous nous accordiez des Droit à Exister, pour que nous puissions accorder nos places, que la vie se maintienne sur notre planète EAUcéan. Il n’y en pas de rechange.

Il faut penser les Droits de l’Océan.

Nous comptons sur vous, chers frères humains, car c’est bien à vous de retrouver une place harmonieuse parmi nous, les autres vivants. C’est votre responsabilité, car vous êtes les seuls, Sapiens, à avoir la liberté de choisir d’écrabouiller, d’anéantir la beauté de la vie, ou de la respecter. Vous avez l’entière responsabilité d’offrir à vos enfants et à nos descendants un monde beau, enviable, désirable.

 

Votre Dévouée,

L’Etoile de Mer

Le 21 juin 2025

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