Concours de chasse sous-marine ! Un massacre obsolète.
Concours de chasse sous-marine y compris dans des aires marines protégées ! Totalement irresponsable dans le contexte actuel d’effondrement de la biodiversité !
Des dizaines de concours sont encore organisés en 2025 sur toutes les côtes françaises.
Ces « jeux » mortels visant les plus gros individus par des centaines de chasseurs sont totalement destructeurs des écosystèmes choisis, et ceci pour de très nombreuses années !
Des spécialistes, des élus et Longitude 181 se lèvent contre cette destruction de patrimoine commun.
Historique rapide
C’est en 1930 que ces concours ont commencé avec des espaces marins encore en bon état. La FFESSM (Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins), créée en 1948, a alors mis en place des compétitions locales, régionales, nationales et internationales. La 1ère pétition pour demander l’interdiction de ces compétitions a été lancée en 1977, avec plus d’un millier de signatures de scientifiques et personnalités dont celle du Cdt Jacques-Yves Cousteau.
En 2007, la FFESSM décida d’arrêter, le comité directeur national estimant « qu’il n’était plus acceptable de valoriser par un titre, une coupe ou une médaille le fait de tuer des espèces vivantes« .
Depuis 2008, c’est la FFPSA (Fédération Française de Pêche Sportive en Apnée, ancienne FNPSA : Fédération Nautique de pêche sportive en apnée) qui a repris l’organisation de ces massacres.
En 2017, 40 ans après la 1ère, Longitude 181 lance une 2ème pétition pour demander l’interdiction de ces compétitions morbides, dans lesquelles un minimum de personnes saccage le bien commun de toute la population actuelle et future.
Trouvez-vous correct qu’un poisson appartienne à un plongeur qui l’a tué, alors qu’un plongeur photographe qui l’observe, vivant, n’a aucun droit de le protéger ?
Le 4 mars 2025, le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel de la région PACA a adopté à l’unanimité une motion relative aux compétitions de chasse sous-marine dont la conclusion est :
« Compte tenu de ces éléments éthiques, environnementaux et socio-économiques, lors de la séance plénière du 4 mars 2025, le CSRPN PACA :
- considère que tuer des animaux dans le but ludique exclusif d’une récompense, d’un classement ou d’un trophée, ne peut être la finalité d’un sport ;
- déplore que le ministère des sports et des JOP qui a exprimé son ambition de promouvoir la montée en puissance de pratiques éco-responsables et sa position contre toute activité compétitive prédatrice d’espèces vivantes, ait signé une délégation sportive pour l’organisation de compétitions de chasse sous-marine ;
- recommande de ne plus autoriser de compétitions de chasse sous-marine dans les aires marines protégées (sites Natura 2000 inclus), à l’instar du Parc national de Port-Cros et du Parc national des Calanques. »
Jouer à tuer en détruisant des zones marines côtières extrêmement fragiles !
Deux spécialistes des questions marines, plus particulièrement en Méditerranée, Marc Verlaque et Charles-François Boudouresque, étudient l’impact des concours de chasse sous-marine organisés depuis l’année 2000.
Les zones côtières utilisées ressemblent à des déserts sous-marins où les interactions entre les espèces sont complètement désorganisées, la biodiversité massacrée.
Le prélèvement des plus gros poissons (rapportant le plus de points) est problématique à 3 niveaux :
- La fécondité des poissons augmente avec l’âge de la femelle, par ex chez un Dicentrarchus labrax, une femelle de 4 à 6 ans pond 230 000 œufs environ, alors qu’une femelle de plus de 14 ans en pond 3.3 millions !
- Le prélèvement des plus gros individus chez certains poissons à hermaphrodisme séquentiel (d’abord mâle puis femelle ou l’inverse) peut être responsable d’une raréfaction d’un des 2 sexes, ce qui affecte la reproduction future.
- Les chasseurs sous-marins peuvent être tentés de laisser leurs plus petites proies lorsqu’ils croisent un autre poisson plus gros, ce qui induit des poissons « tués pour rien ».

Le ministère des sports et des jeux olympiques et paralympiques en contradiction :
En 2022, le 22 juillet, Mme A.Oudéa-Castéra, ministre des sports des JOP, accordait à la FFESSM des délégations pour les sports sous-marins à l’exception de la chasse sous-marine.
6 jours plus tard, cette même ministre accordait une délégation à la FNPSA pour organiser les championnats de chasse sous-marine !!!
Extrait du contrat signé par la FFESSM avec le ministère :
« Extrait du Contrat de délégation co-signé le 22 juillet 2022 par Mme A. Oudéa-Castéra,
ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques et M. F. Di Méglio,
Président de la FFESSM (MSJOP et FFESSM, 2022) :
La FFESSM a acté, lors de l’A.G. fédérale de 2008, l’arrêt des compétitions de chasse sous-marine, le développement des activités de prédation en compétition n’étant plus en conformité avec l’évolution du projet associatif de la FFESSM en matière de développement durable et de respect de l’environnement, ni avec les orientations et la définition du sport telles que les portent le CIO. À la place, la FFESSM a fait le choix de développer des compétitions alternatives de chasse photographique et de tir sur cible artificielle en apnée.
Quand bien même la fédération internationale (CMAS) continue de développer des compétitions internationales de chasse sous-marine, il serait totalement contraire au positionnement de l’État et notamment à celui du Ministère des sports et des JOP, qui promeut la montée en puissance des pratiques éco-responsables, que d’attribuer aujourd’hui la délégation pour une activité compétitive prédatrice d’espèces vivantes à une autre fédération, la prédation en compétition n’ayant plus lieu d’être dans notre société actuelle.«
Comme le rappellent les 2 chercheurs, leur étude n’est pas un manifeste anti-chasse sous-marine au sens large à condition d’avoir une pratique raisonnée. L’objectif est de rassembler tous les éléments nécessaires pour aborder et discuter de tous les problèmes inhérents à l’organisation de compétitions de chasse sous-marine.
Sur terre, ce genre de compétitions est aujourd’hui interdit, essentiellement pour des raisons éthiques.
Extrait des pétitions :
« De quel droit, quelques chasseurs peuvent-ils ravager des zones fréquentées toute l’année par des milliers de visiteurs sous-marins ? En quelques heures, ces « champions » ravagent toute une zone, tuant les plus gros poissons, les plus gros reproducteurs. La zone, ainsi bouleversée, mettra des années à retrouver son équilibre écologique, à condition qu’on ne fasse plus de prélèvements ce qui ne sera pas le cas.«
Sur le plan environnemental, ces compétitions vont à l’encontre d’un bon état écologique.
Il est temps d’évoluer vers une chasse sous-marine durable et sans compétition.
D’ailleurs, beaucoup de chasseurs sous-marins considèrent ces compétitions comme désastreuses.
Voici un alinéa de la Charte européenne de la chasse et de la biodiversité :
Veiller au maintien des populations des espèces ciblées à des niveaux optimaux par rapport à leurs habitats, aux communautés de leur espèce, et aux cibles pour la restauration de la biodiversité.
Les données de cet article sont extraites de l’étude des 2 chercheurs M. Verlaque et C-F Boudouresque. Voici le lien pour lire leur étude complète.
Conclusion :
Nous avons connu des écosystèmes foisonnants il y a 50 ans. Aujourd’hui l’Océan est vidé de la plupart de ses habitants car la gestion du Vivant est catastrophique.
En laissant des aires marines protégées sans aucun prélèvement, nous avons la chance de voir se régénérer les écosystèmes sans autre intervention que de les laisser faire.
Mais à côté de ces minuscules zones protégées (0,1% de la surface marine), il est urgent de cesser de jouer à tuer, et de ne pas rajouter de pressions inutiles sur nos zones côtières et ainsi permettre à tous les amoureux de la mer de pouvoir s’émerveiller de la Vie !
Arrêtons les massacres inutiles que sont les compétitions de chasse sous-marine.
L’Océan est un bien commun, protégeons-le ensemble, pour tous.
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