[Droits de l’Océan] Mayotte , un lagon en danger !

Le dessalement , oui mais en pleine mer !

L’association Longitude 181  exprime son soutien concernant les actions entreprises par les différentes associations et collectif de Mayotte concernant le projet d’usine de dessalement en cours sur Mayotte, suite aux vives inquiétudes que nous partageons avec elles.

Précisons de suite que, compte tenu des circonstances locales (sécheresse exceptionnelle en 2023), et des difficultés rencontrées dans l’approvisionnement en eau des populations, nous ne sommes pas contre le dessalement. Nous avons bien conscience que dans certains cas, ceci peut être une solution appropriée dès lors que les rejets se font au large.

 Des inquiétudes légitimes

• du point de vue juridique et légal , par l’utilisation de la procédure d’urgence civile que nous trouvons inappropriée au vu des circonstances passées et actuelles :L’urgence civile indique selon la circulaire du 02 /08/2022 que l’atteinte doit exister au moment de la prise de décision visant à recourir à la procédure d’urgence à caractère civil. Il ne peut donc être recouru à cette procédure en vue d’anticiper ou de prévenir une atteinte à venir.Dans le cas présent, le problème d’approvisionnement ne date pas des derniers mois, et en 2017, lors de la précédente crise de l’eau à Mayotte, certaines mesures avaient été adoptées telle que l’extension à 5000m3/j de l’usine de dessalement de Petite Terre. Cette extension prise déjà dans la précipitation, sans concertation et sans études préliminaires ne permet pas d’atteindre l’objectif de production fixé il y a six ans.L’urgence civile n’est pas caractérisée et devrait donner lieu au partage des informations avec les populations et la société civile, et d’instaurer une politique d’implication de celles-ci dans les choix qui les concernent, dans un souci de solutions négociées et pour un avenir viable et résilient

•  du point de vue environnemental, notamment à la lecture de la notice d’incidences environnementales, succincte et très incomplète : absence de solution de substitution au site d’Ironi Bé ; pas de séquence ERC (éviter, réduire, compenser) ; choix du site sans alternative contraint par l’absence de puissance électrique (!!) ; rejets en lagon ;  absence d’étude sur la variabilité physico-chimique de l’eau ;  études insuffisantes quant à la dispersion des eaux rejetées, de leurs températures, de leurs polluants ; impact sur les peuplements marins et littoraux : mangroves, espèces marines, mégafaune…

•  en terme d’alternatives et de solutions complémentaires à mettre en œuvre,  notamment pour la  réduction de production et donc de consommation énergétique carbonée pour les volumes à désaliniser en usine :
  • •  La recherche de fuites d’eau (30 % est perdue)
    • Arrêt de la déforestation (érosion des sols), préservation des zones humides
    • Recherche de nouveaux forages
    • Récupération des eaux de pluie individuels ou en collectifs ou de stations d’épuration
    • Dé-imperméabilisation des espaces urbanisés
    • Choix impératif de site de la future usine avec rejet hors lagon

Quant aux plongeurs qui nous lisent  et qui connaissent le lagon,  ils regretteront la proximité du site chois des rejets avec  la passe en S, haut-lieu de la plongée et de la rencontre du vivant !