Missions Cachalots en Méditerranée : objectifs remplis !
Les missions scientifiques WhaleWay de Longitude 181, consacrées à l’étude des cachalots de Méditerranée (juin et sept. 2022) ont rempli les objectifs fixés. En alliant enregistrements acoustiques et observations visuelles, elles ont suivi avec succès plusieurs groupes de cachalots, parfois pendant plus de 48h d’affilée, jour et nuit… Une belle moisson qui sera analysée pendant les prochains mois pour établir les cartes d’identité visuelle, les caractéristiques acoustiques individuelles, le rythme des plongées, les relations entre cachalots…
Cette étude sur des cycles de 24h, complémentaire de celle menée à l’île Maurice, permettra d’appréhender d’autres aspects de la vie des cachalots.
4 semaines de recherches assidues, aux jumelles et à l’hydrophone
Malgré les manœuvres des sous-marins de la marine nationale, qui nous a interdit la majeure partie de la Méditerranée française, et en dépit d’une météo parfois capricieuse, nous avons fouillé l’horizon aux jumelles et les profondeurs marines à l’hydrophone, suivant un protocole précis.
En juin comme en septembre, pendant chacune des les 2 missions WhaleWay 2022, 2 équipes de 3 observateurs se sont relayées toutes les 2 heures, tandis que des stations d’écoutes ont été réalisées toutes les heures, sur un trajet total de plus de 1000 milles nautiques.
Méric et Vespucci, les 2 compères
La persévérance a été récompensée par plusieurs belles rencontres. La plus exceptionnelle a permis des enregistrements uniques de 2 cachalots mâles subadultes qui semblent chasser ensemble, Méric et Vespucci. Détectés à l’hydrophone en fin d’après-midi, rejoints au soleil couchant et identifiés à leurs caudales, nous les avons suivis à l’écoute pendant 48 h. A la fois avec l’hydrophone simple, qui restitue leurs clics d’écholocalisation et permet de suivre en direct leur chasse dans les profondeurs, mais aussi et surtout, avec Bagheera, le système à 5 micros mis au point par Hervé Glotin et son équipe de l’université de Toulon (l’équipe avec laquelle nous étudions les cachalots de l’île Maurice depuis 6 ans).
Grâce aux Téraoctets d’enregistrements de Bagheera, nous allons pouvoir retracer leurs trajets en 3D, voir leurs évolutions, savoir s’ils chassent ensemble, déterminer si le plus grand joue le rôle de leader, etc… Bref, tenter de lever le voile sur la vie des cachalots et notamment celle des jeunes mâles adultes qui ont quitté le clan familial, un « groupe social » que nous ne rencontrons pas dans les eaux de l’île Maurice.
Altaïr, Véga et Trois+un : un clan autour du jeune Deneb
C’est au large de la Corse que nous avons trouvé un clan de 4 individus (Altaïr, Véga, Trois+un et le jeune Deneb) que nous avons suivi pendant une journée. Ils étaient en déplacement, alternant plongées profondes et périodes de respiration en surface, selon un trajet nord-sud parallèle à la côte. A chaque respiration les adultes retrouvaient, à tour de rôle, le jeune Deneb qui faisait de courtes apnées et restait en surface.
Relié aux adultes, par les clics qu’ils émettent pendant leur chasse dans les profondeurs, le jeune Deneb restait ainsi en contact auditif permanent avec les siens et suivait le même chemin.
L’équipe a ainsi découvert, quasiment en direct sur l’ordinateur, les enregistrements en 3D de ces clics qui, nous l’espérons, nous en diront beaucoup sur les mouvements et relations de ces cachalots !
Rare observation d’un groupe de Zyphius
Notre route a croisé celle d’un groupe de 5 ziphius (Ziphius cavirostris) ou baleines à bec. Une rencontre exceptionnelle de ces cétacés très discrets, de 6 à 7 m de long qui ne restent en surface que le temps de quelques respirations et replongent pour plus de 2h. L’enregistrement acoustique devrait nous en apprendre plus sur leur chasse dans les grands fonds, en quête de calmars comme les cachalots.
Des milliers de données à analyser
Le mauvais temps nous a chassé, mais rendez-vous est pris pour la suite de cette étude en 2023.
En attendant, l’équipe va s’atteler à l’analyse des Téraoctets de données acoustiques, réalisées en 3D à l’aide des 4 enregistreurs couplés du prototype Bagheera, des données uniques en Méditerranée !!
Premier bilan de la mission de juin à retrouver ici
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