Longitude 181 porte plainte suite au braconnage dans la réserve marine de La Réunion.

par | 21 Août 2021 | Actualité Requins, News

Longitude 181 porte plainte pour braconnage dans la zone renforcée de la réserve marine de La Réunion suite à la révélation par son comité scientifique de 170 infractions perpétrées par le Centre de Sécurité Requin.

requin tigre © F Sarano

© François Sarano

Si la pêche professionnelle est autorisée dans les zones de protection générale et dans les zones de protection renforcée externes, situées plus au large, elle est formellement interdite dans les zones situées dans la partie du récif la moins profonde (de 0 à -30m ) et dans les sanctuaires, zones de protection intégrale.

Or c’est bien dans ces dernières que, depuis 2018, le Conseil Scientifique a relevé près de 170 infractions aux arrêtés préfectoraux et à la réglementation de la réserve marine réalisées par les pêcheurs CSR  (Centre Sécurité Requin, organisation chargée des pêches et mandatée par l’État) !

Des données publiques retirées des écrans

L’IFREMER publie sur le portail SEXTANT Océan Indien des cartes sur lesquelles figurent les données du programme de pêche mené par le CSR en regard du zonage réglementaire de la réserve marine, en particulier les positionnements GPS, les dates et le type d’engin de pêche utilisé, données accessibles en consultation libre. Jusqu’à ce qu’elles disparaissent mystérieusement, fin mai 2021… depuis cette période, à la place des cartes en question, il n’y a plus qu’un écran noir ! Et pour cause, selon un article paru dans “Le Monde” le 14 juin 2021, le CSR aurait demandé à l’IFREMER d’effacer les pages en libre accès ! Curieuses manipulations pour un organisme d’État sensé travailler en toute transparence…

Vous pouvez retrouver tous les détails de cette affaire dans un précédent article sur les opérations de braconnage du CSR.

Une campagne qui fait les choux gras des pêcheurs

Le Conseil Scientifique de la Réserve Naturelle Nationale Marine dénonce un tel dysfonctionnement peu ou pas respectueux, ni de la réglementation, ni des procédures administratives, et qui met en jeu la pérennité de l’écosystème récifal réunionnais. Ceci est fort surprenant de la part d’une instance gérée par un GIP présidé par Monsieur le Préfet de la Réunion

Conclusion de l'Auto-saisine du conseil scientifique de la Réserve Marine

Rappelons que ledit sous-préfet de Saint-Paul est à la fois président de la réserve marine et président du CSR, de là à évoquer des conflits d’intérêts…

Car des intérêts, il y en a dans ce juteux programme de pêche d’élimination des requins ! Et surtout du côté des pêcheurs : les 7 bateaux mandatés par le CSR pour opérer ces pêches sont rémunérés 300€ à chaque déploiement d’une palangre, financés sur des fonds publics… à raison de plus de 2800 déployées rien qu’en 2020, la pêche, qu’elle soit miraculeuse ou non, est surtout rémunératrice en plus d’être dévastatrice !

La biodiversité de la réserve marine en danger

Rappelons que depuis 2013, début des premiers programmes de captures, ce sont 532 requins Tigre et Bouledogue qui ont été tués. Le requin Tigre n’est quasiment pas impliqué dans les accidents : sa destruction ne sert que les intérêts financiers des pêcheurs et du CSR. La fameuse “crise requin” est d’abord “une crise bouledogue” selon les propres termes du directeur du CSR.

Par ailleurs, rien que sur la période de janvier à mai 2021, pas moins de 481 prises accessoires ont été recensées, un bilan catastrophique pour la biodiversité de l’île ! Parmi les captures accessoires, on relève depuis 2018 plus de requins marteau Halicorne (espèce classée en danger critique d’extinction par l’UICN) que de requins bouledogue ! Mais aussi des grandes raies guitare, des requins nourrice fauve, des requins gris d’estuaire, des tortues vertes, etc… Au total, depuis ce début d’année, le pourcentage de prises de Bouledogue atteint péniblement les 7%, contre 93% d’autres prises !

Ces pêches destructrices impactent directement la biodiversité,et, réalisées au cœur des rares sanctuaires, mettent en péril l’écosystème tout entier de ceux-ci en annulant l’effet réserve recherché.

Une situation inacceptable pour Longitude 181

Face à cette situation des plus opaques qui dure depuis 4 ans, Longitude 181 porte plainte auprès du procureur de la République à la suite de ce qui constitue un véritable braconnage dans les zones interdites de la Réserve Marine, et qui, selon la loi pourrait être sanctionné de plusieurs centaines de milliers d’euros d’amende et même de prison.

D’autres associations environnementales dont Sea Shepherd et One Voice, faisant elles aussi partie du collectif* militant contre ces pêches d’élimination, se sont engagées dans la même procédure.

Une affaire à suivre dans les semaines à venir !

Samedi 21 août 2021

*Le collectif d’associations :

Longitude 181- One Voice – Sea Shepherd Conservation Society – Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) – Sauvegarde des Requins – Requins Intégration – Tendua pour la sauvegarde de la biodiversité – Vivre Activement pour Garder Un Environnement Sain (VAGUES), associations représentées à la Réunion par Didier Dérand.

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