Dans le cadre de son programme de recherche sur les cachalots, Longitude 181 a participé en mars dernier à une mission d’observation au large de l’île Maurice. La mission est organisée par René Heuzey (association Un Océan de Vie), en collaboration avec M2CO (Marine Megafauna Conservation Organisation), ONG mauricienne créée par Hugues Vitry. Elle bénéficie d’autorisations spéciales accordées par les autorités mauriciennes.

Son but : tester les premières cartes d’identité des cachalots dressées par François Sarano, pour dénombrer la population qui fréquente les eaux mauriciennes et définir sa structure en taille. Et, bien sûr, compléter les observations réalisées chaque année, depuis 2011, avec de nouvelles prises de vue sous-marines.

Le test sur le terrain des cartes d’identité

Chaque jour, l’équipe Longitude 181 embarque avec les autres éco-volontaires en quête des cachalots. Commence alors une recherche attentive aux jumelles depuis la dunette du bateau, pour repérer le souffle des cétacés, mais aussi une recherche acoustique grâce à un hydrophone pour détecter les « clics », ces séries de cliquetis caractéristiques qui forment le « langage » des cachalots. Généralement, il faut 2 à 3 h de veille, mais parfois la mission rentre bredouille après 5 longues heures de recherches.

Dès que les cachalots sont repérés, le bateau s’approche lentement pour déposer notre groupe d’éco-volontaires qui se glissent à l’eau sans bruit. Nous restons en surface, attendant que les cachalots viennent à notre rencontre. Ils sont là, quelque part. Leurs clics nous enveloppent de séquences qui se répètent à l’infini et se mêlent. Et soudain, ils surgissent du bleu. Une, deux trois énormes caboches qui s’avancent lentement. Qui est-ce ? Chacun cherche la caractéristique qui permettra de les reconnaître : tache blanche sur le corps, indentation de la nageoire pectorale ou de la caudale, griffures…

Pectorale gauche sectionnée et petite encoche ronde à la caudale : c’est Germine. Caudale amputée sur la gauche avec une grande encoche à droite, voilà Arthur. En dessous de nous, la femelle qui passe avec une tache blanche bien nette sur la dorsale est Vanessa. Mais qui est le dernier cachalot, avec une caudale marquée de plusieurs indentations ? De retour à bord, on compare la séquence vidéo avec les fiches étalées sur le pont. Pas de doute, il s’agit de Adélie.

Un indispensable outil de terrain

Les cartes d’identité se révèlent de formidables outils de terrain qui permettent d’identifier à coup sûr chaque individu. Donc de savoir qui va avec qui, quelles sont les affinités. Quels sont les caractères aussi. Le jeune cachalot qui s’est approché à plusieurs reprises de notre bateau à l’arrêt était Eliot, un curieux qui n’hésite pas à aller au devant des nageurs.

Jour après jour, les observations s’accumulent. Elles enrichissent et réactualisent la base de données. Elles montrent, par exemple, que Issa et Altaïr sont en fait le même individu : la différence entre les échancrures de leurs caudales, interprétées comme appartenant à 2 individus, n’est en fait que l’évolution de la caudale du même individu au cours du temps. Parallèlement, 12 nouveaux cachalots sont repérés. Leurs cartes d’identité seront dressées au retour de mission à partir de toutes les informations tirées des vidéos.

Pin It on Pinterest