Épisode 6 “Souci du vivant” | Devenir porte-parole du vivant !

par | 25 Août 2025 | PODCASTS, Souci du vivant

Bienvenue dans cette série audio consacrée aux soucis du vivant.

Le souci du vivant naît de la vision des urgences écologiques. La plupart du temps, les États n’agissent pas de manière adéquate pour faire face à la détérioration des situations écologiques et sanitaires qui constitue une violation grave d’une longue liste de droits fondamentaux applicables aux humains mais aussi aux vivants non humains : le droit d’exister, le droit à la vie tout simplement, le droit à la sécurité alimentaire, le droit à un environnement sain, le droit de se reproduire et le droit de coexister ensemble.

Souci du vivant, épisode 6 – Devenir porte-parole du vivant - © Véronique & François SARANO

Ce contenu est disponible au format texte et audio. Bonne lecture ou bonne écoute !

Des porte-parole du vivant non humain

Nous avons vu précédemment qu’une nouvelle gouvernance doit émerger et intégrer toutes les formes du vivant. Alors les droits fondamentaux doivent être défendus par des porte-parole, le vivant non humain ne pouvant ni débattre ni négocier car ne pouvant parler. Mais la justice et la politique des hommes, elles, négocient, discutent, et le font oralement et de manière écrite. Il nous faut donc intégrer dans nos systèmes de gouvernance la parole du vivant, afin que celui-ci puisse être reconnu et enfin préservé. Et à tout le moins, qu’on puisse négocier pied à pied sur des termes de coexistence, sur une façon de coexister avec une vraie voie prépondérante et non pas un avis consultatif relégué au fin fond de conseils éthiques, scientifiques ou autres qui n’ont que la faculté de conseil. Alors qui peut être porte-parole ? Et faut-il avoir des qualités particulières pour être porte-parole ? Doit-on par exemple avoir un attachement avec un écosystème pour être un défendeur légitime de celui-ci ? Pas nécessairement. Être porte-parole, c’est avant tout une question d’engagement personnel et de positionnement vis-à-vis de la communauté du vivant. Bien entendu, pour être le porte-parole, il faut bien comprendre le fonctionnement des écosystèmes du vivant, pour en prendre conscience, pour en aborder la complexité et aussi la fragilité, ainsi que la dépendance ou le tissu de dépendance entre nos sociétés humaines et ceux vivants. Très certainement d’ailleurs, dans notre apprentissage, dans notre éducation, se situe la première lacune qui ne nous permet plus d’être un porte-parole. Tout simplement parce que nous n’avons pas encore compris nécessairement les liens qui nous lient aux vivants à ce tissu dont nous sommes issus, qui entretient nos vies, qui les rend possibles, et qui se réalise dans un aller-retour d’interactions que nous ne voyons plus, obnubilés que nous sommes par la course-poursuite des événements de nos sociétés. Car il faut appréhender l’ensemble des enjeux, les modèles économiques, les méthodes de production, les dangers, les impacts sur la nature, les écosystèmes et le vivant. Car représenter le vivant, ce n’est pas simplement s’engager par principe ou par colère, même s’il s’agit d’un comportement tout à fait légitime vu de l’urgence actuelle, mais qui peut se révéler contre-productif.

Une reconnaissance du vivant, l’ensemble du vivant

Il est nécessaire d’avoir une vision claire de ce qui doit être fait et protégé. Pour réaliser une symbiographie, c’est donc à l’ensemble de représentations d’intérêts humains et non humains, pour la préservation globale de ceux-ci, et dans le respect des besoins fondamentaux de l’ensemble des membres du vivant. Défendre le vivant, ce n’est pas adopter des raisonnements binaires, pour ou contre un nouvel aéroport, pour ou contre manger de la viande, pour ou contre l’utilisation des énergies fossiles, car ces pour ou contre sont de véritables cul-de-sac. Car il ne s’agit pas d’être simplement pour ou contre, il s’agit aussi de construire, de projeter l’avenir en ayant des égards pour le vivant. Car si on prend en compte, si l’on veut être un représentant du vivant, cela implique d’être en mesure, également, d’expliquer clairement ce que l’on refuse, ce que le vivant ne peut accepter, mais également ce qui doit être protégé, ou ce que l’on souhaite construire, comme société compatible avec les droits du vivant. Il s’agit d’imaginer un modèle de société intégrant les limites planétaires, la préservation des intérêts des écosystèmes, tout en garantissant les droits fondamentaux des êtres humains.

L’humain interdépendant du vivant

L’humain, une espèce parmi tant d’autres, à son apparition sur Terre, s’est progressivement imposé comme le plus grand prédateur du vivant. Les civilisations qui se sont succédées sont devenues de plus en plus mortifères avec une extraction massive des ressources naturelles à des fins économiques. Un extractivisme qui renvoie au capitalisme, au consumérisme et au pillage.

Ne serait-il pas temps de rendre au vivant ce que nous lui avons pris, la reconnaissance et le droit d’exister ? Interrogeons-nous, que fait donc le vivant pour vous ? Que faites-vous donc pour le vivant ? En questionnant les liens qui nous unissent à l’ensemble du vivant, vous aurez à cœur d’en avoir le souci, de le représenter et surtout de le transmettre.

À nous, désormais, de bifurquer vers ce nouveau monde.

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