Épisode 5 “Souci du vivant” | Changer de gouvernance

par | 14 Juil 2025 | PODCASTS

Bienvenue dans cette série audio consacrée aux soucis du vivant.

Dans cette série, nous avons voulu imaginer un nouveau monde, donner des droits à la nature, reconnaître l’écocide et ne pas dépasser les limites planétaires. Mais est-ce bien suffisant ? Car qu’est-ce qui est à l’origine en fait des problèmes que nous rencontrons dans la gestion de notre monde, de notre planète et du vivant ? Quelle est l’origine des problèmes que nous rencontrons ?

Souci du vivant, épisode 5 – Changer de gouvernance - © Delphine BONNON

Ce contenu est disponible au format texte et audio. Bonne lecture ou bonne écoute !

L’ère de l’anthropocène

Nos problèmes sont anthropocentrés. Bien que faisant partie du vivant, nous n’en tenons pas compte. D’ailleurs, il existe des langues autochtones dans lesquelles le mot « nature » n’existe pas. Leur représentation de l’univers inclut l’humain et la nature dans un même tout, le vivant. Nous, nous avons fait le choix de nous séparer de la nature. Notre langage s’adapte à notre culture et, comme le droit, nous le créons en fonction des besoins. C’est pourquoi il nous faut réviser notre manière de penser le monde et d’inclure dans notre langage des mots et des concepts nouveaux, comme l’écocide, pour forger de nouveaux récits et bâtir une nouvelle forme de civilisation. Le philosophe Glenn Albrecht parle de l’ère du symbiocène, une époque nouvelle qui pourrait reposer sur une gouvernance repensée pour la Terre par la Terre, la symbiocratie. Car c’est bien de nouvelles gouvernances dont nous avons besoin. Et la reconnaissance des droits du vivant est une partie de cette nouvelle organisation grâce à laquelle nous avons l’opportunité de désobéir aux règles actuelles et de faire preuve de créativité pour construire le monde dont nous avons envie pour demain. Il s’agit d’inventer un futur dans lequel nous projeter, sans nous construire uniquement en opposition au capitalisme mais en ayant comme boussole des lois en accord avec le vivant. Honnêtement, si la nature pouvait parler, et si on la questionnait et qu’on lui demandait ce qu’elle pense des droits qu’elle a acquis, ou que nous tentons de lui reconnaître dans toute notre législation, trouverait-elle notre modèle juridique trop compliqué ? Serait-elle soulagée ou réconfortée de nous voir prendre sa défense devant les tribunaux ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne serait jamais venue d’elle-même réclamer des droits.

Pour un futur pérenne, devenons les porte-paroles de la nature

Aussi, pour faire respecter des droits devant les tribunaux ou devant l’administration, le vivant ne peut compter que sur la voix de ses représentants et représentantes. Dans les états où des droits ont été reconnus aux vivants, différents mécanismes de représentation ont été imaginés pour permettre à la voix des écosystèmes ou des espèces d’être entendue à travers des porte-paroles humains. Ces porte-paroles sont parfois reconnus par la loi ou font partie de la culture nationale. Ces porte-paroles ne parlent pas en leur nom mais bien au nom du vivant. Il s’agit en fait d’une forme de tutelle comme on pourrait la considérer vis-à-vis d’un mineur. On parle pour lui, on parle pour elle, on la représente et on représente ses intérêts. Encore faut-il que cette parole soit entendue et que cette parole ne soit pas simplement consultative ou annexe comme c’est le cas aujourd’hui dans notre droit ou dans nos délibérations politiques actuelles. La plupart des commissions chargées de parler des intérêts de la nature ou de les représenter, le plus souvent sont des avis consultatifs ou des enquêtes préalables publiques d’opinions diverses qui ne sont pas nécessairement prises en compte et qui n’ont pas réellement voie au chapitre. Les décisions importantes ou les décisions finales sont tout simplement anthropocentrées et ne regardent que les intérêts de l’humain. On arrive ainsi aux limites de la démocratie, surtout quand on souhaite y intégrer le vivant dont nous faisons partie et un futur qui soit renne et vivable. La symbiocratie, elle, se voudrait effectivement considérer l’ensemble du vivant pour prendre les bonnes décisions, que ces décisions soient justes pour l’intérêt général du vivant et non pas simplement pour l’intérêt particulier de l’humain.

Une nouvelle gouvernance avec tous et pour tous.

À nous, désormais, de bifurquer vers ce nouveau monde.

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